Atlantis, de David Gibbins

Comme vous l’avez peut-être déjà constaté, il m’arrive de temps en temps de chroniquer un thriller ou un polar. Comme il m’arrive d’en glisser un entre deux lectures de l’imaginaire, cette tendance se reflète aussi dans mes chroniques. Il y a peu, j’ai décidé de m’occuper d’un bouquin qui traînait dans un coin de bibliothèque depuis un moment, Atlantis de David Gibbins. Le titre laisse supposer qu’il y est question du mythique continent disparu et c’est typiquement le genre de thème qui me plaît. Voyons un peu ce qu’il en est.

Jack Howard est chasseur d’épave et la découverte d’une nouvelle épave au large de la Crête conjuguée à celle d’un papyrus dans un tombeau égyptien le lancent sur la piste de l’Atlantide. Commence alors une chasse au trésor où Howard est rapidement opposé à un terrible mafieux de l’ex-URSS.

L’hypothèse archéologique exploitée par ce livre est l’une des pistes intéressantes concernant le mythe de l’Atlantide. Certains éléments s’appuient sur des découvertes avérées qui font forcément un peu rêver les chasseurs de continents perdus. Malheureusement, toute la partie réflexion archéologique et historique est menée à cent à l’heure, les déductions s’enchaînent à toute vitesse, sans que les personnages n’explorent la moindre fausse piste. Un peu à coup de « Et si on disait que ça s’était passé comme ça, là je parie qu’Untel a réagi comme ça, ce qui explique que… » Bref, on dirait que les personnages ont déjà lu le scénario et veulent le dérouler à toute vitesse. A côté, les équipes scientifiques des séries policières américaines passent pour des guignols incapable de déduire quoi que ce soit.

La partie action ne peut même pas compenser. Certes, de l’action on en a, mais beaucoup trop. Le personnage principal se transforme en sorte de super-héros, capable de piloter des hélicoptères militaires soviétiques aussi facilement qu’une trottinette. Le gros méchant de l’histoire fait apparemment régner la terreur sur les mers, puisqu’il semblerait que dans les eaux internationales n’importe qui peut faire n’importe quoi. L’auteur n’a visiblement pas entendu parler des divers opérations anti-piraterie que mènent des marines du monde entier. Passons sur le fait que l’organisation, censément à but archéologique, du gentil est mieux équipée en gadgets et joujoux technologiques que l’Impossible Mission Force de Jim Phelps. Ne parlons pas des satellites de surveillance en temps réel auxquels ont accès les deux camps. Bref, je vais dire que ça réussit à être plus improbable que James Bond par moment, pour ne pas continuer à lister les exemples aberrants.

Le livre se lisant facilement, j’ai réussi à tenir jusqu’au bout histoire au moins de voir s’il y a quelque chose d’intéressant à la fin. Ce n’est pas le cas. Atlantis est un livre très déséquilibré en faveur de séquence d’action par moment improbables. Dans le registre thriller archéologique à héros surdoué, les bouquins de Boyd Morrison sont mieux équilibrés, puisque la partie archéologie/histoire est plus présente et mieux utilisée. Quand à ceux qui veulent une approche plus travaillé de l’Atlantide, je conseille de s’orienter vers le manga Dossier A. de Garaku Toshusai et Osamu Uoto qui propose une belle exploration des civilisations disparues. Quand aux suites d’Atlantis, car Gibbins réutilise son héros, ce sera bien évidemment sans moi.

AtlantisAtlantis (Atlantis)
de David Gibbins
traduit par Anne-Carole Grillot
éditions Pocket
530 pages (format poche)

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2 réflexions sur « Atlantis, de David Gibbins »

  1. La couverture m’a tapée (je ne sais jamais si ça s’accorde avec le m apostrophe ou pas ^^’) dans l’œil mais avec ton avis, je sens que je vais passer mon chemin. L’exagération à la James Bond ne me gène pas forcément mais si ça va aussi vite et que l’histoire ne contient rien de vraiment intéressant, et bien… tant pis 🙂

    1. Un côté James Bond dans un récit ne me dérange pas forcément, je suis un grand fan de la série, mais là ça ne s’accorde pas bien avec le côté recherche archéologique. J’aurais aussi pu convoquer Tom Clancy comme référence. Sauf que Clancy (au moins dans ses premiers bouquins) avait une bien meilleure maitrise de ses intrigues et que même chez lui le premier mafieux venu ne peut pas s’équiper autant qu’une superpuissance nucléaire. 🙂
      Je proposais une référence manga pour le thème de l’Atlantide, mais je suis sûr qu’il doit aussi exister un ou deux bons titres du côté des romans (d’ailleurs je suis preneur de conseil en la matière). En tout cas, ce n’est clairement pas celui-là qu’il faut retenir.

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