Anno Dracula, de Kim Newman

La littérature de vampire est remplie depuis quelques années de séries de paranormal romance de tout genre, mais malgré les Stephenie Meyer, Laurell K Hamilton et autres Anne Rice, la grande figure du genre est et reste le légendaire Dracula. C’est à lui, entre autres, que le britannique Kim Newman décida de s’attaquer au début des années 1990 avec Anno Dracula.

Nous sommes en 1888, Dracula n’a pas été vaincu par Van Helsing, bien au contraire. Il a même soumis la reine Victoria à son pouvoir, et à travers elle l’empire britannique tout entier. Mais dans le quartier de Whitechapel quelqu’un tue des prostituées vampires et les tensions entre sang-chauds et non-morts vont en s’accroissant.

J’avoue que l’idée de départ d’Anno Dracula me séduisait pas mal et voir ce livre doté d’une très belle couverture n’a fait que raviver mon envie. C’est donc avec un certain plaisir, mêlé d’appréhension, que je me suis enfin décidé à me plonger dans l’ouvrage. Après seulement quelques pages, j’ai senti que ce roman avait ce qu’il fallait pour me plaire et que j’allais passé un bon moment. Ce fut effectivement le cas. Le récit est assez bien rythmé, les personnages un peu stéréotypés dans certains cas mais utilisés à bon escient.

Kim Newman développe bien son univers. Il ne se contente pas d’empiler les éléments piqués ici et là à la littérature et aux grandes figures de l’époque victorienne, il essaie aussi de construire une société dans laquelle les vampires tentent de trouver leur place. Ceci s’accompagne évidemment d’un certain nombre de problèmes, dont notamment l’impact sur les classes les plus basses de la société qui ne sont pas épargnées par le phénomène, mais aussi la question du futur de l’approvisionnement en sang au fur et à mesure qu’une proportion croissante d’humains décide de passer de l’autre côté de la mort. On voit aussi se créer une nouvelle différence de classe entre vivants et non-morts.

Newman parsème évidemment son récit de noms célèbres de l’époque, qu’il s’agisse d’artistes ou d’hommes (et de femmes) politiques, mais il pille aussi allègrement la littérature pour en utiliser les figures, petites et grandes. C’est ainsi avec une certaine jubilation que j’ai croisé le Diogene’s Club ou les docteurs Moreau et Jekyll. Ces utilisations se font généralement sans trop gêner le récit, ce qui permet au lecteur de ne pas être arrêté par une référence qu’il ne comprendrait pas. Newman donne d’ailleurs quelques précisions en annexe sur certaines des sources auxquelles il est allé s’abreuver.

Le roman est donc accompagné de quelques autres textes. Outre l’annexe précitée, on y trouve une postface intéressante, une fin alternative venant de la novella dont est tiré le roman, des extraits d’un script pour un projet d’adaptation au cinéma (assez anecdotique), un petit article intéressant sur Dracula et Jack l’Éventreur et enfin une nouvelle se passant dans le même univers que le roman.

Voila donc un roman intéressant et plaisant à lire, et qui donne envie d’en voir un peu plus sur cet univers alternatif développé par Kim Newman. Cela tombe bien, l’auteur a continué à écrire à ce propos et je compte bien m’y intéresser.

Anno DraculaAnno Dracula (Anno Dracula)
de Kim Newman
traduit par Thierry Arson et Maxime Le Dain
illustration de Noëmie Chevalier
éditions Bragelonne
475 pages

Disponible en numérique chez 7switch

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5 réflexions sur « Anno Dracula, de Kim Newman »

  1. Bon, tu ne fais que confirmer ce que je pensais de ce bouquin. Je l’ai, mais en numérique et toujours pas de liseuse.
    En tout cas, je suis d’accord avec toi, la couverture est splendide, ce qui n’est pas toujours le cas chez cet éditeur.

    A.C.

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