Le désert des cieux, de L. L. Kloetzer

J’ai beaucoup aimé Noon du Soleil Noir, ainsi que sa suite La première ou dernière. C’est donc une grande joie de voir que L. L. Kloetzer nous gratifie d’un troisième volume des aventures de Yors et de son maître.

L’intrigue commence par la révélation du grand projet du chef des Fossori, la guilde qui s’occupe du traitement des morts, de leurs funérailles, etc. Un projet qui ne sera pas sans conséquence sur le reste de la ville. Puis nous retrouvons Yors et Noon, en vadrouille fort loin de la cité.

C’est un grand plaisir de retrouver les personnages et cet univers. Yors, son maître, leur assistante Meg sont des protagonistes que j’ai aimé suivre et dont le retour me fait du bien. Yors est toujours égal à lui même, fidèle à son patron, connaisseur des magouilles de la cité et qui se morigène parfois de ne pas avoir vu venir tel ou tel événement. Noon toujours un peu à distance du lecteur, avec une vision des choses que peu arrivent à cerner et toujours une capacité à se rendre dans l’ailleurs où tout parait si étrange. Meg, qui espère clairement pouvoir devenir sorcière un jour mais qui rechigne parfois à accepter les conséquences de la magie.

A côté de ça, toute une galerie de personnages, quelques connaissances déjà aperçues auparavant et toute une palette de nouveaux. On en a pour tous les goûts et tous sont intéressants ou appréciables à suivre d’une façon ou d’une autre.

J’aime beaucoup retrouver la Cité qui sert de décor principal aux aventures de Noon et Yors. Non seulement j’aime beaucoup tous les petits et grands détails qui pointent vers Constantinople parmi les inspirations qui ont nourris les auteurices. Mais j’aime aussi de voir tout ce qui rend cette ville vivante, ses habitants, ses coutumes, ses palais majestueux… mais peut-être un peu vieux, ses ruelles tortueuses, etc. Bref, c’est un lieu qui semble plein de vie et où j’ai l’impression que je pourrais me promener des heures sans jamais passer deux fois au même endroit.

Il y a très longtemps, j’ai lu un peu la revue Casus Belli, dans sa première itération et j’ai le souvenir d’un hors-série, le deuxième il me semble, qui était consacré à la ville imaginaire de Laelith. Et si je n’ai jamais eu l’occasion de jouer dans cet environnement, j’ai passé des heures à compulser ce hors-série dans tous les sens, finissant par avoir l’impression que cette cité existe quelque part et qu’il ne manque pas grand chose pour que je puisse en arpenter les rues. Et bien la Cité des romans Noon est pareille. Comme si Laelith reprenait vie après être restée enfuie en moi pendant plus de vingt ans et que je retrouvais mon moi adolescent. Rien que pour ça, merci L. L. Kloetzer, vous avez ma reconnaissance éternelle.

L’auteurice est inspiré notamment par la sword & sorcery à l’ancienne, dont la série du Cycle des épées de Fritz Leiber (que je lirai un jour, c’est promis, c’est dans ma bibliothèque). Personnellement, j’ai l’impression de retrouver par moment ces moments dans La Terre mourante de Jack Vance où l’on voit un personnage parcourir des milliers de kilomètres en quelques pages, qui parviennent à nous résumer moult péripéties qui auraient pu être développées en plusieurs chapitres. On a droit à une séquence de ce genre dans l’ouvrage et ça passe vraiment très bien. Oui, j’aurai volontiers lu plus en détail ces rebondissements, mais je les apprécie aussi très bien de la façon dont Yors nous les résume. On n’en loupe finalement pas grand chose et l’essentiel est là.

L’univers de Noon est un cadre dans lequel la magie n’est pas un objet de plaisanterie mais une affaire extrêmement sérieuse. Le vrai nom des gens peut servir à leur nuire. La parole donnée, les engagements pris ne sont pas sans conséquence. Et il faut prêter attention à la façon dont on formule une demande ou une requête. C’est une approche de la magie que j’apprécie souvent, surtout quand elle est bien maniée comme c’est le cas ici.

On bénéficie de quelques passages racontés par Meg, dont j’ai beaucoup apprécié la différence de ton avec Yors et la façon dont elle s’arrange pour régler les affaires qui lui ont été confiées.

Comme les deux précédents ouvrages, ce volume bénéficie de nombreuses illustrations intérieures de Nicolas Fructus. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il semble avoir pris plaisir à dessiner dans cet univers, tant elles sont nombreuses. On a notamment toute une série de petites vignettes qui illustrent le long voyage de retour de Noon et Yors et collent très bien au récit. C’est un vrai bonheur à voir.

Des trois volumes, c’est le plus épais. Il faut dire qu’il se passe beaucoup de choses, entre les intrigues du côté des Fossori, les excursions habituelles de Noon dans un ailleurs étrange, les affaires dont doit s’occuper Meg, le statut de Puck, etc. C’est donc un roman bien rempli où je ne me suis pas ennuyé une minute et que j’ai dévoré avec beaucoup de plaisir. Et le texte continue même au-delà de la présentation du catalogue de l’éditeur, un peu comme une scène post-générique.

Bref, j’ai vraiment aimé ce troisième volume des aventures de Noon et Yors. Ce tome termine un cycle, l’auteurice semblant vouloir passer à autre chose tout en n’excluant pas de revenir un jour s’occuper de ce duo sympathique. Que ce soit de retour dans cet univers ou dans un autre, je lirai avec plaisir le prochain livre de L. L. Kloetzer.

Noon – Le désert des cieux
de L. L. Kloetzer
illustré par Nicolas Fructus
éditions Le Bélial
463 pages (format moyen)

disponible en numérique chez 7switch

Retour au sommaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *