J’ai parlé plusieurs fois de l’actuelle série Wonder Woman, scénarisée par Tom King et principalement dessinée par Daniel Sampere. Les numéros collectés dans ces recueils ne reprenaient cependant pas une bonne partie des backup stories, ces petites histoires de quelques pages qui sont parfois ajoutées à la fin d’une série. Or, toute une partie de ces backup stories concerne Trinity, personnage dont les origines sont au centre de cette série. L’éditeur s’est finalement décidé à regrouper tout ça en un volume que voici.
Avant d’être une jeune super-héroïne qui vient demander des comptes à Sovereign, Trinity a été une petite fille nommée Lizzie. Une petite fille dont la mère, devant s’absenter régulièrement pour sauver le monde, l’a confia à la garde de deux garçons très sérieux et responsables : Jon Kent et Damian Wayne.
Comme il s’agit de backup stories, les histoires sont relativement courtes, généralement huit planches et je trouve que ça fonctionne très bien de cette façon. On voit des petites scènes avec à chaque fois une situation où Damian et Jon essaye de gérer le problème qui se présente avec Lizzie. Les deux ados se disputent comme un vieux couple qui ne sait plus comment gérer sa progéniture. Lizzie est globalement imperméable à la raison. Et tout ça mène régulièrement à des situations amusantes et parfois improbables.
On voit bien que Tom King a des enfants, car plus d’une situation conflictuelle avec Lizzie ne peut qu’évoquer des souvenirs à qui a eu à s’occuper d’un enfant plus de cinq minutes. Je trouve qu’il adapte bien ce genre de situation au contexte super-héroïque, où évidemment tout peut prendre des proportions nettement plus catastrophiques.
Belén Ortega se débrouille très bien avec cette série. Elle fait très bien du Tom King, notamment avec quelques planches où l’on a le même cadrage sur plusieurs cases successives, tout en offrant des choses un peu plus variées (personnage débordant de la case, case non rectangulaires, splash page, etc.) Ses personnages sont plaisants à voir. D’autant plus que Lizzie grandit au fur et à mesure du volume et c’est un plaisir à voir.
Le numéro contient aussi une backup story dessinée par Daniel Sampere, où l’on voit une double opposition mère / fille, avec une Diana une fois dans le rôle de la fille puis dans celui de la mère. C’est très beau, c’est propre, et on voit que c’est écrit par Tom King.
On retrouve aussi l’histoire extraite du numéro 800 de Wonder Woman qui fait l’ouverture du premier volume du run de Tom King, ainsi que la backup story du numéro 13 où Damian essaye d’expliquer à Lizzie comment il donna quelques leçons à sa mère. Ce que bien sûr personne ne croit. Je suppose que c’est deux histoires ont été intégrées dans le volume puisqu’elles mettent en scène Lizzie.
Enfin, le volume se termine par un petit gag en deux pages, qui laisse clairement supposer qu’une catastrophe de plus a eu lieu à un moment ou un autre avec des conséquences, temporaires on l’espère, assez ennuyeuses pour certains personnages.
On a une petite dose de couvertures alternatives, avec notamment du Jim Lee, du Jorge Jiménez, du Evan « Doc » Shaner, du Mitchs Gerads et une sublime couverture de Bilquis Evely dont je ne me lasse jamais de contempler la production.
Si ce volume a un aspect anecdotique, puisqu’il reprend uniquement des backup stories, des histoires qui sont rarement au centre des séries qu’elles complètent, je l’ai trouvé très plaisant à lire. On a une plongée dans une vie quotidienne et familiale, qui ne peut que rappeler des souvenirs à qui été parent ou grand frère / grande sœur. Et j’aime que les comics de super-héros savent parfois s’écarter de l’héroïque pour se concentrer sur de l’humain très ordinaire. Et comme tout ça a l’air d’avoir bien marché, Tom King et Belén Ortega vont continuer dans la lignée, avec Trinity : Daugher of Wonder Woman. Sauf que cette fois il ne s’agira plus de backup stories pour une autre série mais une série entièrement dédiée à l’enfance et l’adolescence du personnage. Autant vous dire que j’attends ça avec envie.
Trinity – Generation S
écrit par Tom King
dessiné par Belén Ortega, Daniel Sampere & Khary Randolph
colorisé par Alejandro Sanchez, Tamra Bonvillain, Tomeu Morey & Alex Guimarães
lettré par Clayton Cowles
éditions DC Comics
117 pages