ATG #69 : A la poursuite des pierres précieuses

La fiche de l’émission

La science-fiction et la fantasy étant capable de s’emparer d’à peu près n’importe quoi pour en parler, il y a évidemment des œuvres où il est question de pierres précieuses. J’ai aussi élargi le thème aux minéraux en tout genre.

On peut d’abord évoquer rapidement quelques minéraux imaginaires plus ou moins connus. Qui ne connait pas la kryptonite, le point faible de Superman ? Chez les super-héros, on peut aussi parler de l’adamantium avec lequel est renforcé le squelette de Wolverine. Les amateurs de fantasy connaissent le mithril, inventé par Tolkien et depuis réutilisé à toutes les sauces, notamment dans certains jeux de rôle. Les joueurs de Command & Conquer n’ont probablement pas oublié le tiberium dont ils devaient disputer le contrôle. Du côté des auteurs « classiques » de la SF, H. G. Wells créa la cavorite, minerai qui lui permet d’envoyer des gens dans l’espace (Les premiers hommes dans la Lune). Enfin, les créations imaginaires ne sont pas l’apanage des auteurs « récents ». Le mythe de l’Atlantide est parfois lié à un minerai appelé orichalque. Comme dans le cas du mithril ce minerai imaginaire (enfin plus ou moins), a été réutilisé à toutes les sauces. On le trouve notamment dans un épisode des aventures de Blake & Mortimer : L’énigme de l’Atlantide. Enfin, on peut évoquer le Saint-Graal des alchimistes : la pierre philosophale. Cette substance est notamment censée permettre de transformer le plomb en or. Comme l’orichalque, elle a été réutilisé à toutes les sauces dans la fiction. Je note une version très particulière, que proposa Peyo dans Le sortilège de Maltrochu, treizième épisode des aventures de Johan et Pirlouit dans lequel ce dernier crée une pierre transformant l’or en plomb.

Parlons maintenant un peu des astéroïdes et par extension des comètes. L’idée de les utiliser comme source de minerai n’est pas seulement dans la tête des auteurs de SF mais aussi dans celle de certains entrepreneurs en quête d’un nouvel eldorado. Au-delà de l’astéroïde tueur de civilisation sur une trajectoire de collision avec la Terre (cf. Le marteau de Dieu, d’Arthur C. Clarke, en numérique chez Milady), on peut évoquer l’idée d’un ciblage plus précis en s’en servant délibérément comme projectile (cf. Révolte sur la Lune, de Robert Heinlein, chez Le livre de poche). L’exploration d’un astéroïde peut servir aussi de point de départ à un récit qui partira ensuite dans une direction différente. Frederik Pohl démarre ainsi sa série de La Grande Porte (5 volumes, chez J’ai Lu, épuisés) et Greg Bear utilise le même artifice au début de sa série Éon (3 volumes, chez Le livre de poche). Côté vidéoludique, Lucasart produisit dans les années 1990 The Dig, un jeu d’aventure où l’on commence par essayer d’empêcher un astéroïde de s’écraser sur Terre (disponible sur gog.com). Alastair Reynolds démarre l’action de Janus sur une comète que l’équipage du Rockhopper est en train de miner. Lorsqu’une lune de Saturne, Janus, quitte son orbite, ils sont les plus proches pour enquêter sur le phénomène (chez Pocket). Sur les comètes, on pourra aussi lire Au cœur de la comète, roman co-écrit par Gregory Benford et David Brin. Publié en 1986, lors du dernier passage de la comète de Halley, l’ouvrage met en scène une expédition sur la comète lors de son prochain passage en 2061 (chez Le livre de poche). Enfin, sur les corps célestes qui ont la fâcheuse habitude de venir s’écraser chez nous, on peut aussi retourner à un classique de la BD : L’étoile mystérieuse, l’un des épisodes de Tintin par Hergé.

L’idée d’un diamant géant a été évoquée pendant l’émission et on la retrouve évidemment dans la SF. Notamment chez Arthur C. Clarke qui a utilisé l’idée dans 2010 : Odyssée deux où l’on voit que le cœur de Jupiter est un diamant de la taille de la Terre (chez J’ai Lu). L’idée de trouver des diamants de la taille d’astéroïdes est aussi utilisée par Vernor Vinge dans le très bon Au tréfonds du ciel (chez Le livre de poche). Dans tous les cas, le fait de pouvoir accéder à de telles ressources diamantifères en ferait très certainement chuter la valeur.

On trouve parfois de bonnes idées au détour d’une conversation. En 1971, Robert Silverberg évoqua le plutonium 186 pour prendre l’exemple d’un isotope quelconque. Isaac Asimov lui fit remarquer qu’un tel isotope n’existe pas et ne peut exister, suivant les lois physiques gouvernant notre univers. Ce à quoi Silverberg répondit « Et alors ? » Asimov réfléchit alors aux conditions requises pour l’existence du Plutonium 186 et ces réflexions l’amenèrent à écrire Les dieux eux-mêmes, qui deviendra l’un de ses romans les plus primés. L’auteur y décrit notamment un univers parallèle peuplé d’un espèce à trois genres (chez Folio SF).

Pendant l’émission, on a parlé de cette manie qu’ont certains humains, notamment les plus petits, et qui consiste à ramasser des cailloux un peu n’importe où. Dans Poussière de Lune, de Stephen Baxter, on voit comment un échantillon de roche lunaire ramené par des astronautes déclenche une catastrophe qui menace la Terre entière (chez J’ai Lu).

Quelques semaines avant l’émission, j’ai un peu par hasard fini un roman de David Brin intitulé Terre. L’ouvrage démarre par la perte de contrôle d’un trou noir artificiel qui « tombe » quelque part à l’intérieur de notre planète. Et si le roman évoque évidemment la structure de notre astre, Brin explore de nombreux autres thèmes dont ceux du changement climatique et de la société de l’information. Dans ce dernier cas, l’intuition de l’auteur, qui a finit l’écriture du roman mi-1989, a été plutôt bonne et le monde de 2038 qu’il décrit est assez proche du notre dans ce domaine (chez Milady).

Pour terminer, je vais parler de deux bandes-dessinées. Tout d’abord une série qui donne une vague impression de fantasy avant de se révéler de la SF : Altor. Scénarisée par Jean Giraud et dessinée par Marc Bati, la série a d’abord été titrée Cristal majeur, du nom du premier volume et raison de sa présence dans cette liste. Les trois premiers forment une trilogie dont je garde encore un bon souvenir (chez Dargaud).

Dans l’émission, on a évoqué le Koh-i Nor, diamant qui fait partie des bijoux de la famille royale britannique. Mais connaissez-vous le Koh-i-On ? Ce diamant a la particularité de voler, se déplacer et de parler, ce qui lui permet de faire quantité de jeux de mots. Il fait son apparition dans L’astragale de Cassiopée, quatrième volume des aventures d’Isabelle. Dessinée par Will et scénarisée par Raymond Macherot, Franquin et Yvan Delporte, cette série est un vrai bijou du merveilleux dont je conseille vivement la lecture à ceux qui ont gardé une petite parcelle d’enfant en eux (intégrale en trois volumes chez Le Lombard).