Life on Mars, dirigée par Jonathan Strahan

Après Meeting Infinity, j’ai décidé de faire une pause dans la série des anthologies Infinity de Jonathan Strahan pour m’occuper d’une autre antho… de Jonathan Strahan. En route donc pour la planète rouge avec Life on Mars.

Dans cette anthologie, il est proposé aux auteurices de se projeter soit dans la vie humaine sur Mars, soit dans la préparation à la colonisation de la planète rouge. Chaque texte est suivi d’une présentation de l’auteurice ainsi que d’un petit mot de ce/cette dernier.e, chose que j’ai bien apprécié.

Le volume commence par un texte de la regrettée Kage Baker, Attlee and the long walk. On y suit une jeune fille qui doit relever le genre de défi que se lancent les ados. C’est une variante martienne du « va faire un tour dans la maison prétendument hantée ». Le principe est classique, mais Baker gère ça très bien et propose en même temps une vision d’une colonie martienne qui croit doucement, où tout le monde est mis à contribution, y compris les enfants. J’ai beaucoup aimé ce texte, notamment pour son côté humain.

Le texte suivant s’intitule The Old Man and the Martian Sea. Alastair Reynolds y parle d’une fille qui fugue de sa colonie et qui fait une rencontre en chemin. L’idée de départ est là aussi assez banale, mais le traitement qu’en fait Reynolds m’a plu. Il tourne pas mal autour du fait que les choses changent, voire disparaissent avec le temps, ce qui cadre assez bien avec une colonisation accompagnée d’une terraformation.

On passe ensuite à Wahala, de Nnedi Okorafor. Cette fois l’action se passe sur Terre, une Terre où les choses ont l’air d’avoir bien changé. Le lien avec la planète rouge vient du fait qu’un vaisseau provenant de Mars doit arriver, alors que l’on n’a plus guère de nouvelle de cette dernière depuis un moment. La rencontre entre terriens et martiens risque de réserver quelques surprises. Le texte m’a moins déçu que la novella Binti de la même autrice. Mais ça ne me donne pas non plus particulièrement envie d’en lire d’autres.

J’ai ensuite droit à une relecture avec On Chryse Plain de Stephen Baxter que j’avais déjà croisé dans son recueil Obelisk. La nouvelle me parait toujours aussi anecdotique, par rapport à ce dont est capable l’auteur, mais ça se lit sans déplaisir et y a toujours une attention à certains détails. Et j’ai enfin réalisé que Baxter fait une référence à son roman Voyage.

Je retrouve Nancy Kress avec First Principle. Lorsque de nouveaux colons arrivent sur la planète rouge, les habitants essaient de leur réserver bon accueil. C’est ainsi qu’une jeune martienne doit (suite à l’insistance de ses parents) faire bon accueil à un jeune terrien imbuvable. Le contact entre les deux n’est pas évident, notamment du fait des évolutions qu’a connu la population martienne. J’ai trouvé ce texte bien, notamment sur l’idée de fond qui sert de titres. Kress arrive à manier pas mal de petites choses et j’ai vraiment la sensation que l’avenir qui prolongerait ce texte pourrait être assez funeste.

On passe à un texte un peu plus long avec Martian Chronicles de Cory Doctorow. On va suivre un trio de jeunes faisant partie d’une nouvelle vague d’immigrants à destination de Mars. L’auteur propose une histoire qui tourne beaucoup autour d’un jeu massivement multijoueur en ligne, de la nouvelle vie qui attend les futurs colons et des problèmes de classes sociales. Le personnage principal est assez tête à claque mais finalement le produit de sa classe, dont il recrache au début le discours sans le remettre en cause. Doctorow propose heureusement un peu d’évolution de ce côté. Le texte est assez intéressant de ce côté. Par contre, j’ai eu un peu de mal avec tout ce qui tourne autour du MMO et de la vie économique de Mars. Pour moi, ça n’était pas très crédible, notamment vis à vis de la population déjà présente sur la planète rouge (en fait assez faible). J’ai eu l’impression de voir en fait un biais propre aux univers de type MMO, sur la génération de richesse, reproduit dans un « véritable » univers. Il y a un assez cloisonnement de l’information entre les deux planètes qui me dérange un peu aussi. Du coup, je suis mi-figue mi-raisin à propos ce texte.

Le texte suivant est d’Ellen Klages, autrice dont j’ai plutôt entendu du bien jusqu’ici. Malheureusement, Goodnight Moons est un texte sans intérêt mais heureusement assez court.

Je fais ensuite ma première rencontre avec une autre autrice : Rachel Swirsky. Dans The Taste of Promises on suit un ado qui parcourt la planète rouge en compagnie de son jeune frère qui a une condition un peu particulière. L’idée des lifted children est intéressante et dans cette nouvelle on va voir comment grâce à une rencontre l’ainé va commencer à accepter la condition de son petit frère. Plutôt bien comme texte.

Après, je retrouve Ian McDonald qui parle dans Digging de creuser un grand trou sur la planète rouge. L’idée technique est intéressante, même si un peu délirante (mais c’est souvent le cas avec l’ingénierie planétaire). Par contre, j’ai un peu de mal avec l’écriture de McDonald, le style qu’il emploit ici est un peu différent de celui de la série Luna et probablement plus proche de celui de Brasyl. Et si ce style convient à certains, personnellement je trouve qu’il est une entrave à la fluidité de lecture. Néanmoins, la nouvelle n’est pas mal.

Avec Larp on Mars, je retrouve un autre auteur déjà croisé auparavant : Chris Roberson. Et je ne peux pas dire que j’en avait une très bonne image. Ma lecture de The Dragon’s Nine Sons avait été une des pires de l’année où je m’en suis occupé. Ça m’avait dissuadé de relire cet auteur. Mais le temps d’une nouvelle, j’ai accepté de lui donner une chance. Au final, c’est un texte avec une côté un peu bateau, puisqu’on y suit simplement les aventures d’un trio de garçons qui s’occupent comme ils peuvent sur une Mars en cours de colonisation. Il n’y a pas grand chose d’original, si ce n’est de transplanter sur un autre monde un récit avec des ados qui s’amusent et parfois font des découvertes inattendues. Mais Roberson rend assez bien l’ambiance de camaraderie de ce trio. C’est toujours ça de pris.

La nouvelle suivante est de John Barnes, que j’ai déjà croisé trois fois dans des anthologies dirigées par Strahan. Dans Martian Heart, l’auteur nous propose l’histoire d’un colon involontaire de la planète rouge. Si le schéma est assez classique, notamment sur le passage où le protagoniste provoque involontairement son sauvetage, le cadre proposé, avec une planète que l’on peuple en partie de criminels que l’on déporte et la pratique de l’indenture, rappelle non seulement des pratiques existantes en terme de colonisation mais préfigure probablement ce que l’on obtiendrait si l’on laisse des gens comme Musk ou Bezos s’occupent de la colonisation d’autres mondes.

L’anthologie se conclut avec un texte de Kim Stanley Robinson, auteur incontournable lorsqu’il est question de la planète rouge. Discovering Life est une petite nouvelle extraite du recueil The Martian (mais pas présente du sommaire de la version française, le texte n’ayant rejoint le recueil en VO que sur une réédition postérieure à la traduction). Il s’agit d’une petite vignette sur un laboratoire de recherche qui annonce une découverte concernant des bactéries martiennes rapportées par une sonde. Un texte que je trouve très anecdotique.

Je n’ai donc pas trouvé dans cette anthologie de texte qui me fasse l’effet d’une vraie claque. Et s’il y a quelques nouvelles franchement décevantes, j’ai quand même lu suffisamment de bons textes pour ne pas sortir déçu de cette anthologie.

Life on Mars
anthologie dirigée par Jonathan Strahan
illustration de Stephan Martinière
éditions Viking
334 pages (grand format)

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2 réflexions sur « Life on Mars, dirigée par Jonathan Strahan »

  1. Ah flûte…
    Même si vous ne le mentionnez pas expressément, j’ai bien l’impression que cette anthologie est en VO anglaise, ce qui est rédhibitoire pour moi… Nonobstant, vous pouvez toujours inscrire votre chronique au « Challenge de la planète Mars » (qui court jusqu’au 31 mars 2022), d’autres blogueurs pourraient être intéressés…
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

    1. Effectivement, cet ouvrage n’existe pas en français.
      De façon générale, si un livre que je chronique est traduit en français, je mets les informations concernant l’édition française dans la chronique, même si j’ai lu l’ouvrage en anglais (ce qui est de plus en plus souvent le cas pour les livres publiés à l’origine en anglais). Si les informations concernent une édition anglophone, alors c’est que l’ouvrage n’est pas disponible en français. 🙂

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