La moitié d’un roi, de Joe Abercrombie

J’ai déjà eu l’occasion à plusieurs reprises de dire ici le bien que je pense des livres de Joe Abercrombie. L’auteur britannique explore depuis son premier roman un univers de fantasy personnel avec une orientation un brin fataliste et cynique. Après six ouvrages consécutifs consacrés à ce monde, Abercrombie a éprouvé le besoin de changer un peu d’air et tout en restant dans la fantasy, de s’offrir un peu plus de « légèreté » en écrivant pour un lectorat un peu plus jeune. La moitié d’un roi est donc le premier opus d’une trilogie, nommée La mer éclatée. Voyons un peu comment l’auteur s’adapte à ses nouveaux lecteurs.

Yarvi est fils de roi mais n’est pas destiné à montrer sur le trône. Né avec une main qui se résume à deux doigts, sa position de cadet arrange tout le monde dans ce royaume où l’on célèbre la force des souverains. Le jeune homme se prépare donc à devenir ministre et à servir comme conseiller lorsque son frère deviendra roi. Jusqu’au jour où son aîné et leur père sont assassinés. Yarvi est alors précipité roi, position qu’il n’a pas souhaité et qui ne semble pas plaire à tout le monde.

Le premier constat sur La moitié d’un roi est que l’ouvrage est moins épais que les précédents Abercrombie. En visant un public plus adolescent il a visiblement décidé d’être un peu plus concis dans son écriture. Et j’avoue que ça n’est pas un mal, l’intrigue avance rapidement et connaît peu de temps morts. Les quelques trois cents pages de l’ouvrage défilent sans accroc. On sent aussi le changement de public au degré de violence qui est moins prononcé que dans l’univers de la Première Loi. Abercrombie reste Abercrombie, on a donc des scènes de combat qui laissent leur quota de morts, mais sa plume se fait un peu plus légère et évite quelques détails sanglants.

Le point de départ du roman est intéressant. Yarvi rappelle par certains aspects Tyrion dans le Trône de Fer, pour son côté personnage au physique un peu handicapé qui compense par son intellect. Mais à la différence du benjamin des Lannister, Yarvi n’a plus personne entre lui et la position de chef de famille, et son nom ne sera pas toujours synonyme de sésame (au contraire de Tyrion qui en use et en abuse).

Le monde que propose Abercrombie est pour le moment moins riche que celui de la Première Loi. Il est possible qu’il l’enrichisse un peu dans les deux volumes suivants, mais ce ne sera pas forcément nécessaire. Dans le cas de La moitié d’un roi, l’auteur propose suffisamment d’éléments pour développer son propos sans besoin d’en rajouter. Ceci contribue probablement aussi à l’aspect « allégé » de l’ouvrage.

Avec La moitié d’un roi, Abercrombie prend le risque de changer d’univers et de s’orienter vers un public un peu plus jeune. Il en résulte un livre agréable et plus concis, bien rythmé et aux personnages suffisamment bien définis. L’auteur sait réserver quelques surprises et conclu son ouvrage avec une fin qui ne nécessite pas forcément de lire la suite. Je trouve ce pari gagné et je lirai bien volontiers les deux volumes suivants.

La moitié d'un roiLa moitié d’un roi (Half a King)
de Joe Abercrombie
traduction de Juliette Parichet
illustration de Didier Graffet
Éditions Bragelonne
336 pages (grand format)

Disponible en numérique chez 7switch

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2 réflexions sur « La moitié d’un roi, de Joe Abercrombie »

    1. Il vaut mieux lire la trilogie de la première loi avant les trois oneshots (Servir froid, Les héros et Pays rouge). Par contre, ça n’a pas d’impact sur La mer éclatée. Cette dernière série est vraiment plus légère en volume et normalement plus orientée vers les jeunes lecteurs (même si finalement ça passe très bien camouflé en roman adulte). 🙂

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